L'art comme porte ouverte vers soi-même et les autres, tel un voyage dans le temps et l'espace. Que ferions nous sans les expositions qui fleurissent avec bonheur partout en France et en Europe ?

En résumé, munissez-vous d'un pass sanitaire (encore pour combien de temps ? ) ainsi que de vos billets de trains et en route pour les plus belles expositions en cours et à venir !

Aux Abattoirs de Toulouse - La Déconniatrie. Art, exil et psychiatrie autour de François Tosquelles

La Déconniatrie : Art, exil et psychiatrie autour de François Tosquelles Jusqu’au 6 mars 2022

Exposition labellisée d’intérêt national par le ministère de la Culture

"La Déconniatrie" suit la vie et l’œuvre de l’incroyable docteur catalan François Tosquelles (1912-1994) qui a fui, comme 500 000 réfugiés espagnols, la victoire fran­quiste après trois années de guerre d'Es­pagne (1936-1939). L’exposition dévoile une histoire méconnue qui a fait date dans la psychiatrie au XXe siècle et qui a permis la transformation collective des institutions psychiatriques. Elle a également influencé le cours de l'his­toire de l’art moderne en favorisant l'appari­tion de l'art brut.

Jusqu’au 6 mars 2022, les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse présentent une exposition inédite dévoilant une histoire qui a fait date dans la psychiatrie au 20ème siècle et ses liens nouveaux avec l’art brut et l’art moderne.

Ce projet d’envergure internationale rassemble plus de 100 œuvres, aussi bien d’art moderne que celles créées par les patients dans l’hôpital, ainsi que des films inédits, des livres, des archives, des photographies et un volet contemporain.

Vues de l'exposition "La Déconniatrie. Art, exil et psychiatrie autour de François Tosquelles" © les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse ; photo. : Damien Aspe

Après plusieurs mois de rétention dans le camp de Septfonds, le psychiatre François Tosquelles s’installe pendant l’Occupation à Saint-Alban-sur-Li­magnole en Lozère. Dans l’hôpital où il travaille, avec l’idée de soigner les malades comme l'institution, il fait alors émerger de nouvelles pratiques de soin basées sur l'humanisation, le collectif, le travail et l'ac­tivité artistique par les pensionnaires, dont les créations circulent au niveau local avant d'être collectionnées par Jean Dubuffet sous l’appellation d’Art brut.

Durant la Seconde Guerre mondiale et les années qui suivent, l’hôpital où exercent Tosquelles ainsi que le psychiatre surréaliste toulousain Lucien Bonnafé, reçoit les artistes et écrivains en fuite, en exil ou de passage ; on y retrouve par exemple Nusch et Paul Eluard, puis Tristan Tzara, qui sont frappés par le lieu et ses habitants. Dans l’après-guerre se mettent en place les fondements d’une psychiatrie "désaliénante", dite de secteur, portée par des activités communes telles que le cinéma, les clubs et les journaux dont le fameux journal interne Trait d’union.

Romain Vigouroux, François Tosquelles dans un parc pour enfants, dans le jardin des Bonnafé à l'hôpital de Saint-Alban, non daté, photographie, 5,3 x 7,7 cm, collection Famille Ou-Rabah - Tosquelles ; Reproduction photographique : © Roberto Ruiz

Des psychiatres d’avant-garde s’y forment et y travaillent, à l'exemple de Frantz Fanon, écrivain et penseur martiniquais dont la pensée a influencé le postcolonialisme. Le rôle des femmes dans cette expérience inédite et collective, qu'elles soient patientes ou soignantes, se révèle également majeur.

Avec cette proposition, les Abattoirs poursuivent leurs recherches entamées de longue date sur la création en exil (Picasso et l’exil. Une histoire de l’art espagnol en résistance ; Je suis né étranger), sur le postcolonialisme, et le statut de l’oeuvre d’art, dans la continuité de l’étude et des accrochages de la collection Daniel Cordier. L’apport culturel des exilés espagnols et l’histoire de l’art régionale et en campagne, se retrouvent à l’origine de ce nouveau projet. Celui-ci réunit quatre institutions de trois pays et circulera en 2022 au Centre de Cultura Contemporània de Barcelone et au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid et en 2023 à l’American Folk Art Museum à New York.

À travers cette exposition c'est la place de l’"autre" perçu comme indésirable, étranger, malade, impropre à la vie en société, qui est de nouveau au cœur des Abattoirs. Cette histoire et les pratiques expérimentales de François Tosquelles célèbrent ce "droit au vagabondage" du corps et de l’esprit.

Yayoi Kusama, Dots Obsession, 1998, peinture, miroirs, ballons, adhésifs et air, 280 × 600 × 600 cm, inv. : 1999.2.7. Collection les Abat­toirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse. Photo. : Damien Aspe

En fin de parcours, dans la nef du musée, l’instal­lation de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, qui vit depuis 1977 par choix dans un hôpital psychiatrique, participe à la mise en valeur de la collection des Abattoirs.

La Dame à la licorne Médiévale et si contemporaine Jusqu’au 16 janvier 2022 aux Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse

Un accrochage inédit faisant dialoguer des artistes contemporains avec le  chef-d’œuvre du musée de Cluny, prêté exceptionnellement aux Abattoirs

Vues de l'exposition "La Dame à la licorne. Médiévale et si contemporaine" aux Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse © les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse ; photo. : Damien Aspe

Chef-d’œuvre absolu des collections du musée de Cluny – musée national du Moyen Âge, les six tapisseries composant la tenture de « La Dame à la licorne » voyagent pour la première fois en France depuis leur acquisition en 1882. Exceptionnelle par la qualité de son exécution, envoûtante et intrigante par les mystères qui l’entourent, « La Dame à la licorne » est l’une des plus belles réalisations du Moyen Âge. Le vaste chantier de modernisation en cours au musée de Cluny est l’occasion d’exposer cette œuvre historique dans une région où elle n’a jamais été présentée, avant la réouverture du musée début 2022. Le choix de la Ville rose vient également rappeler un pan méconnu de son histoire puisque c’est à Toulouse que « La Dame à la licorne » a été mise à l’abri durant la Première Guerre Mondiale.

La présentation des tapisseries aux Abattoirs s’accompagne d’un ensemble d’œuvres d’artistes contemporaines - Suzanne Husky, Maider Fortuné ou encore Rebecca Horn - qui mettent en perspective sous un angle actuel « La Dame à la licorne » comme une œuvre fondatrice du respect de la nature et de la représentation féminine. Elle est également mise en regard du chef d’œuvre textile des Abattoirs, le rideau de scène de Picasso, « La Dépouille du Minotaure en costume d’Arlequin » réalisé en 1936. Une programmation culturelle dédiée viendra souligner l’influence du Moyen Âge sur l’art contemporain.

Vues de l'exposition "La Dame à la licorne. Médiévale et si contemporaine" aux Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse © les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse ; photo. : Damien Aspe

La rencontre de la tenture avec l’art contem­porain, dans un musée dédié à l’art de notre temps est une exploration inédite. Si le propre des chefs-d’œuvre est d’être atemporel, leur force est aussi d’offrir des sources de réflexion renouvelées à chaque époque. C’est pourquoi nous avons invité des artistes à en être aujourd’hui les passeurs. Les thèmes qui émergent peuvent ainsi surprendre, comme le féminisme et la vie avec la nature, si prégnants en ces temps de recherche d’éga­lité et d’urgence écologique et climatique. La figure symbolique elle-même de la licorne, icône à la fois mythologique et pop, n’a jamais été aussi populaire. C’est ainsi à des artistes, qui puisent dans le Moyen Âge une ressource pour aujourd’hui formelle, thématique et conceptuelle, que la place est également donnée, y compris en réactivant des tech­niques artistiques dites artisanales, comme la tapisserie et l'enluminure, ou le monument avec la création conçue pour l’exposition du collectif Southway Studio. Entre hommage et détournement, ces invitations démontrent que loin des clichés, le Moyen Âge est aussi perçu comme une période émancipatrice (…).

Annabelle Ténèze, directrice des Abattoirs

Vues de l'exposition "La Dame à la licorne. Médiévale et si contemporaine" aux Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse © les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse ; photo. : Damien Aspe

Montrer ce trésor de l’art médiéval dans une institution contemporaine pourra sembler, à certains égards, iconoclaste. Pourtant, je suis convaincue qu’un chef-d’œuvre comme la Dame est à ce point intemporel qu’il peut se permettre d’être mis en confrontation avec la création la plus actuelle. Et quel meilleur moyen de le montrer que d’exposer la tenture au regard d’artistes qui l’ont étudiée avec soin et s’en sont inspirés avec force pour exprimer leur sensibilité aux préoccupations les plus aigües. La Dame à la licorne met en exergue la femme et la nature. Pourrions-nous trouver deux thématiques plus essentielles ? C’est donc avec ravissement et satisfaction qu’elle sera ici entourée d’œuvres d’artistes femmes : Suzanne Husky, Maider Fortuné ou encore Rebecca Horn. Toutes, d’une façon ou d’une autre, en sont les fières héritières.

Séverine Lepape, directrice du musée de Cluny, Musée national du Moyen Âge

HENRI CARUEL : Stéréoscopie de cinéma (1942-1953) Jusqu'au 1er janvier 2022

© Droits réservés

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé offre à ses visiteurs un spectacle en 3 Dimensions. Jusqu'au 1er janvier 2022, le photographe Henri Caruel (1899 - 1978) est à l'honneur. Peu connu du grand public, ce photographe talentueux avait pour habitude d'utiliser un stéréoscope afin de donner à ses photographies de tournage un spectaculaire rendu en relief. Grâce à une installation inédite mêlant des écrans 3D et des visionneuses stéréoscopiques, la prochaine exposition de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose une expérience immersive dans le cinéma des années 40.

Anne et Patrick Poirier & Laurent le Deunff au Mrac Occitanie à Sérignan

La mémoire en filigrane du 9 octobre 2021 au 20 mars 2022

L’exposition La mémoire en filigrane propose une déambulation dans l’espace méditerranéen et dans le temps de la mémoire d’Anne et Patrick Poirier, avec des travaux de la fin des années 1960 à aujourd’hui, pour certains jamais ou rarement montrés.


Le travail protéiforme d’Anne et Patrick Poirier, d’une très grande diversité de médiums et d’échelles, porte sur la question de la mémoire et s’attache à rendre compte de la fragilité du monde. « Nous nous sommes, dès le début de notre travail, passionnés pour l’archéologie et les villes en ruines, et, à travers elles, pour l’architecture parce que nous pressentions le rapport étroit entre archéologie, architecture, mémoire et psyché. Et nous avons compris que l’architecture, qu’elle soit en ruines ou pas, pouvait être une métaphore de la mémoire et de la psyché » (Anne et Patrick Poirier). Loin d’être seulement une recherche sur des formes archéologiques, le travail d’Anne et Patrick Poirier est une exploration obsessionnelle, distanciée et ludique de l’histoire qui nous permet de comprendre notre présent et d’entrevoir le devenir de nos sociétés.

Laurent le Deunff : My prehistoric past du 9 octobre 2021 au 20 mars 2022

Le scénario de l’exposition My Prehistoric Past consacrée à Laurent le Deunff est narré par des trompes d’éléphants, des chats baillant et narguant le visiteur dans des ateliers d’artistes ou encore des vers de terre creusant un terrier dans un décor minimal - minéral.

L’exposition se déroule telle une fable prétexte à libérer l’imagination où les frontières entre fiction et réalité sont brouillées. Dans ce contexte, My Prehistoric Past est une invitation à une exploration, une machine à voyager dans le temps. Il s’agit de donner à voir un récit pluridisciplinaire d’une culture riche de sensibilité, adroite et ambitieuse.

Laurent le Deunff présente avec ironie son archéologie à travers l’univers infini de la création des formes. Les motifs, les figures et les scènes entretiennent des relations évidentes avec la nature, l’enfance et l’artisanat, et produisent de multiples résonances à la fois anecdotiques et antologiques.

Têtes à têtes : Lucas Cranach le Jeune (1515 -1586) - Elèves du Collège Molière, Colmar jusqu'au 7 février 2022

Un prêt exceptionnel du musée des Beaux-Arts de Reims

Le Musée Unterlinden présente du 6 novembre 2021 au 7 février 2022, une exposition réunissant 13 dessins de Lucas Cranach le Jeune (1515-1586), l’un des maîtres de la Renaissance allemande. Ces dessins de l’aristocratie de Saxe de l’Allemagne protestante seront mis en parallèle avec des portraits de personnalités du monde de la Culture en Alsace, photographiés par des élèves du collège Molière de Colmar guidés par la photographe Vanessa Moselle.

Prêtés exceptionnellement par le musée des Beaux-Arts de Reims, fermé depuis l’automne 2019 pour des travaux de réhabilitation et d’extension, ces dessins de Lucas Cranach le Jeune avaient rejoint au 18e siècle l’école de dessin de Reims où ils servaient de modèles aux élèves. Acquis lors d’un séjour en Allemagne par le peintre Jacques-Philippe Ferrand (1653-1732), élève de Mignard et professeur de dessin à Paris, ils sont légués par son fils Ferrand de Monthelond (1686-1752) à la ville de Reims en 1752.

Attribués au fil des siècles à Dürer, Holbein, Cranach l’Ancien ou son fils Cranach le Jeune ces dessins ont vu leur origine et leur attribution se confirmer en 2015 à l’occasion d’une rétrospective Lucas Cranach le Jeune, organisée à Wittenberg en Allemagne.

Dessinées sur le vif, avec une technique rapide - la détrempe - les esquisses de tête de Cranach révèle un dessinateur virtuose et proche de ses modèles. La représentation objective du visage, l’économie des effets, la mise en page standardisée s’inscrivent dans une tradition propre au portrait tel qu’il se développe en Europe septentrionale. À partir de ces effigies, l’artiste réalisait des portraits individuels ou collectifs, peints à l’huile. Conçues comme des études préparatoires, ces dessins sont devenus des œuvres autonomes jusqu’à constituer une véritable galerie de portraits dessinés.

En regard de ces dessins, les élèves du Collège Molière de Colmar ont été guidés par Vanessa Moselle, photographe originaire de Colmar, pour réaliser des portraits de personnalités du monde de la culture alsacienne contemporaine : chanteur, humoriste, plasticienne, architecte, illustrateur... Les deux ensembles sont présentés côte à côte en suivant des thèmes identiques : l’artiste et son modèle, le rôle du portrait officiel, les secrets de fabrication et l’histoire de chaque portrait.

Un parcours de visite interactif et didactique permettra de découvrir l’exposition avec son smartphone et de se prendre en photo à la mode de Cranach grâce à un filtre Instagram.

Commissaire de l’exposition : Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques, assistée de Casey Ackermann

Double Je : Donation Durand-Dessert & Collections MAMC+ jusqu'au 18 septembre 2022

John Hilliard, I See A Black Light, 1987, don de Liliane et Michel Durand-Dessert, 2021, collection MAMC+ © Adagp, Paris 2021 // Bernard Rancillac, Ben Barka Present/Absent, 1966, don de Liliane et Michel Durand-Dessert, 2021, collection MAMC+. Crédit photo. C. Cauvet/MAMC+ © Adagp, Paris 2021 // Gerhard Richter, Schädel, 1983, don de l’artiste et de Liliane et Michel Durand-Dessert, 1984, collection MAMC+. Photo : C. Piérot © Gerhard Richter

Cette exposition des collections du MAMC+ révèle la récente donation exceptionnelle – plus de 180 œuvres et une cinquantaine d’éditions – reçue de Liliane et Michel Durand- Dessert, galeristes en activité à Paris de 1975 à 2004 et collectionneurs de renom. Déployé sur 1 000 m2, cet accrochage met en dialogue la majorité de ces nouvelles pièces avec les riches fonds du Musée correspondant aux choix exemplaires de ce couple de marchands érudits et collectionneurs passionnés.

À travers neuf salles, chacune placée sous les auspices d’une des neuf Muses de la mythologie grecque, le parcours de l’exposition propose des regards croisés entre différents courants et une cinquantaine d’artistes, de l’Arte Povera à la photographie plasticienne, en passant par l’art conceptuel et l’abstraction radicale. Reflet de multiples disciplines (peinture, sculpture, installation, photographie, dessin et gravure, livre et art postal), cette sélection d’œuvres, unies pour beaucoup d’entre elles par la figure du double, dresse un bilan éclairant de la création des années 1960 aux années 1990. Au cœur du parcours de l’exposition, une salle est dédiée à l’autre grande passion des Durand-Dessert, celle qu’ils nourrissent pour les objets ethnographiques d’art précolombien depuis la décennie 1980. Enfin, deux salles prolongent l’exposition autour d’un focus sur les fonds photographiques du Musée.

Commissariat : Alexandre Quoi, responsable du département scientifique du MAMC+

Liliane et Michel Durand- Dessert

Alice Springs, Liliane et Michel Durand Dessert dans leur galerie parisienne, vers 1978

Avec un engagement visionnaire, les Durand-Dessert ont œuvré pendant plusieurs décennies à la défense d’un pan essentiel de la création contemporaine et ce, dans une perspective avant tout européenne. Ils ont ainsi apporté un soutien fort et précoce aux scènes allemande (Beuys, Richter, Rückriem…), anglaise (Hilliard, Flanagan, Tremlett…) et italienne (Boetti, Kounellis, Merz…), sans négliger pour autant le contexte français (Lavier, Tatah, Garouste…).

Leur regard aiguisé et singulier sur l’art de leur temps a permis de rassembler une magnifique collection personnelle, aussi ouverte qu’exigeante.

L’énigme autodidacte Jusqu’au 3 avril 2022

Vue de l’exposition L’Énigme autodidacte au MAMC+. Crédit Photo : Cyrille Cauvet / MAMC+

Souvent célébré comme une sorte de génie formé à « l’école de la vie » dont l’œuvre singulière est advenue en dépit d’un apprentissage professionnel qui lui a fait défaut, l’autodidacte interroge et met au défi nos conceptions de l’art. Intitulée L’Énigme autodidacte, la nouvelle exposition présentée au MAMC+ de Saint-Étienne entend revenir sur cette vision idéalisante de la figure de l’autodidacte dans l’histoire de l’art contemporain pour tenter de saisir concrètement ce qui survient quand on apprend par soi-même. De l’Art Brut aux « ousiders » à la documenta 5 de Kassel et jusqu’à l’arrivée de l’Intelligence Artificielle et des méthodes d’apprentissage autonomes des algorithmes, l’exposition rassemble sur environ 1 000 m² plus de 200 œuvres de 44 autodidactes aux parcours très divers qui implémentent de manière emblématique différentes modalités de construction du savoir par soi-même, ainsi que celles de quelques artistes professionnels qui décident de recommencer à zéro et de se lancer dans l’inconnu. Elle cherche à situer les intentions, processus et gestes qui portent – consciemment, intuitivement, ou inconsciemment – à innover sur le plan esthétique et à obtenir, parfois rétrospectivement, une place de choix dans l’histoire de l’art.

Commissariat : Charlotte Laubard, HEAD-Genève

Lionel Sabatté. Éclosion Jusqu’au 2 janvier 2022

Vues de l’exposition de Lionel Sabatté au MAMC+ Éclosion. Crédit photo : Aurélien Mole / MAMC+

Pour cette exposition personnelle, le MAMC+ de Saint-Etienne propose une carte blanche à Lionel Sabatté sur plus de 600 m². Cet artiste français, installé entre Paris et Los Angeles, s’intéresse à la transformation de la matière et son incarnation dans un étrange bestiaire, entre meutes de loups nés de la poussière, crocodiles aux innombrables écailles de pièces de monnaie et minuscules chouettes bâties de chutes d’ongles. À Saint-Étienne, une cinquantaine d’œuvres sont produites spécifiquement pour l’exposition, entre sculptures, peintures, oxydations sur plaques, installations et dessins, alternant entre le bronze, le béton et la peau.

Le voyage proposé par Lionel Sabatté commence dans un magma originel et se poursuit avec quelques éclosions, livrant un regard sur le phénomène des vies organiques. La figure humaine, émergeant dans un second chapitre, peine quant à elle à s’imposer dans ce parcours qui pourrait ressembler aux cycles de formation de la Terre. Fragmentaire, démembrée, faite de gravas assemblés, elle tente autant de se construire que de limiter sa ruine. Selon Lionel Sabatté, les œuvres ici rassemblées sont telles de petits vaisseaux qui permettent au visiteur de circuler dans le temps et l’espace, depuis les strates géologiques jusqu’à l’instant présent, cheminant de la terre au ciel.

Commissariat : Aurélie Voltz, directrice du MAMC+

Alberto Burri - Grafíca à la Galerie A&R Fleury jusqu'au 05 février 2022

Cretti, 1971 Série de 8 oeuvres tirées à 90 exemplaires

Du 26 novembre 2021 au 5 février 2022, Alexandre et Richard Fleury sont heureux de dédier une exposition au répertoire graphique d’Alberto Burri. Cette exposition met en lumière le vaste alphabet élaboré par Alberto Burri, comme sa capacité à manier de multiples techniques, pour retranscrire à travers ses œuvres graphiques (dessins, eaux-fortes, sérigraphies,...) la sensation éprouvées devant une peinture. La maîtrise des matériaux étant résolument au centre de son Œuvre, Burri s’est attaché tout au long de sa carrière d’artiste à innover pour faire en sorte que les effets de transformation ou d’utilisation de la matière soient également présents dans la création d’œuvres graphiques, notamment produites en multiples.

L’Œuvre graphique de Burri se compose de 196 œuvres réalisées entre 1957 et 1994. L’artiste utilise différentes techniques innovantes en collaboration avec les plus grands maîtres-graveurs et chalcographes tels que les familles Rossi, Remba, Fausto Baldessarini, Mixografia à Los Angeles ou encore Nuvolo (Giorgo Ascani). Ces ultra- spécialistes lui fournissent des niveaux de qualité technique et artistique extrêmement élevés, débouchant sur des résultats incroyables, à tel point qu’Alberto Burri reçoit par l’Accademia Nazionale dei Lincei le prix Feltrinelli pour son travail de graphisme en 1973.

Oro e Nero, 1993 Série de 10 oeuvres tirées à 30 exemplaires

Un des objectifs de ce solo show est de dévoiler cette dimension moins connue de l’artiste et de provoquer la stupeur et l’interrogation du spectateur face à ce répertoire très proche de son corpus d’œuvres peintes. Il permettra de mettre en évidence la capacité de cet incroyable plasticien à repousser les limites des outils et des médiums pour en faire un art d’une complexité maîtrisée. Ainsi, plusieurs séries seront mises à l’honneur : Combustione (1963 - 1964), Bianchi e Neri I (1967 - 1968), Cretti (1971), Multiplex (1981), Cellotex (1992), Oro e Nero (1993), Trittico (1994).

galerie, 36 avenue Matignon, Paris 8

« Polichinelle dans tous ses états. De la subversion à l’éducation» Jusqu’au 27 février 2022 au Musée du l'image d'Epinal

 

Le musée de l’Image a acquis en 2020 une superbe lithographie grandeur nature représentant Polichinelle. Éditée par Hermann Jungk et Emil Schenck à Wissembourg au tournant des XIXe et XXe siècles, elle est l’occasion de s’intéresser à un personnage phare des imageries populaires.

Pulcinella en Italie, Polichinelle en France, Punch en Angleterre, Petrouchka en Russie : autant de variations d’un même personnage, incarnation intemporelle de l’irrévérence, qui s’impose dans la culture populaire européenne depuis le XVIe siècle. Reconnaissable à son allure colorée et ventripotente, sa gibbosité (bosse), son nez crochu et son air goguenard, le farceur Polichinelle français est une figure incontournable des imageries jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Du fantasque personnage de théâtre au docile pantin, en passant par la marionnette subversive et le héros de carnaval, bref aperçu de l’évolution d’un personnage populaire aux multiples statuts et, surtout, haut en couleur.

Saurez-vous garder ce "secret de Polichinelle " ?

« Aux origines de la bande dessinée : l’imagerie populaire » Jusqu’au 2 janvier 2022

Cette exposition revient sur les prémices de la bande dessinée, en s’intéressant notamment à l’influence de l’imagerie populaire des XVIIIe et XIXe siècles sur les pionniers du 9ème art.

La bande dessinée n’a pas toujours eu bonne presse. Si elle représente actuellement un secteur prolifique en librairie, elle a mis longtemps à se départir de sa réputation de « sous-littérature ».

À bien y regarder, son succès actuel fait écho aux disciplines populaires dans lesquelles elle plonge ses racines : la caricature politique, le dessin de presse et l’imagerie.

Cette dernière, en mêlant dès le XVIIIe siècle texte et image afin de constituer un récit continu et séquencé, ouvre très tôt la voie.

Les 200 œuvres sélectionnées pour l’exposition, issues de collections publiques et privées, montrent cette filiation : des historiettes « en gaufrier » typiques de l’imagerie d’Épinal aux premiers « récits en images » du Suisse Rodolphe Töpffer (1827) considéré comme le père de la bande dessinée, des caricatures anglaises aux histoires loufoques de Gustave Doré, le musée de l’Image explore les fondements de la bande dessinée.

L’exposition accorde une place particulière à la jeunesse vers laquelle les éditeurs français se sont rapidement et préférentiellement orientés, avec une section consacrée à deux grandes maisons concurrentes de la fin du XIXe siècle : Albert Quantin à Paris et l’Imagerie Pellerin à Épinal.

Les deux renouvellent le genre en faisant appel à des dessinateurs de renom tels que Steinlen, Christophe ou Rabier… L’exposition est complétée par un clin d’œil contemporain faisant écho au sujet, avec le photographe lyonnais Philippe Pétremant et sa série pleine d’humour et de bulles.


LE MUSÉE DE L’IMAGE | VILLE D’ÉPINAL  

Un fonds unique en Europe, de plus de 110 000 images du XVIIe au XXIe siècle

Créé en 2003 et géré par la Ville d’Épinal, le musée de l’Image abrite l’une des plus importantes collections d’images populaires imprimées à Épinal mais aussi par d’autres imageries françaises ou étrangères, du XVIIe au XXIe siècle. Cette collection de plus de 110 000 images est unique en Europe.

Images pour enfants, devinettes, feuilles de saints, images de Napoléon ou guerre 14-18, l’imagerie populaire a tout illustré et le musée invite à découvrir dans ses expositions la richesse de ces productions.

Il apporte ainsi un éclairage sur la société qui a produit ou acheté ces images et vous fait comprendre son histoire, ses goûts ou ses usages. Plus d’informations ici.

LUCY McKENZIE - BUILDINGS IN BELGIUM, BUILDINGS IN OIL, BUILDINGS IN SILK - La Verrière, Bruxelles – 21 janvier – 26 mars 2022

Lucy McKenzie, Buildings in Belgium, Buildings in Oil, Buildings in Silk, 2021, détail, courtesy de l’artiste © Kristien Daem

cycle “Matters of Concern | Matières à panser”

Pour le dernier volet du cycle « Matters of Concern | Matières à panser », le commissaire Guillaume Désanges présente « Buildings in Belgium, Buildings in Oil, Buildings in Silk », une exposition de l’artiste écossaise Lucy McKenzie, à La Verrière, espace bruxellois de la Fondation d’entreprise Hermès, du 21 janvier au 26 mars 2022.
« Si son aspect figuratif et réaliste manifeste une grande virtuosité, voire une certaine préciosité, le travail de Lucy McKenzie est théoriquement complexe et passionnant sous sa forme décorative et séduisante. Brassant sans prudence des références classiques, baroques ou modernes avec des motifs de la culture populaire et des éléments biographiques, ses collages ou plutôt collusions iconographiques, discrètement punk, proposent une réflexion critique sur le statut de l’image dans et en dehors de l’art. À l’instar de certains “figuratifs conceptuels” qui cultivent une virtuosité dans leur médium pour en faire la généalogie critique, Lucy McKenzie maintient une ambiguïté féconde entre pratique et théorie, entre forme et fond, entre célébration et critique. » Guillaume Désanges

Commissariat : Guillaume Désanges

Bruno Serralongue  - Pour la vie - FRAC Île-De-France le Plateau - Du 27 janvier au 24 avril 2022

Franck pendant une reconnaissance sur un site de construction du Bayou Bridge Pipeline, Rayne, Louisiane, juillet 2018 © Bruno Serralongue / Air de Paris, Romainville

Du 27 janvier au 24 avril 2022, le Frac Île-de-France présente au Plateau une exposition personnelle de Bruno Serralongue intitulée Pour la vie, qui propose un parcours entre des portraits d’individus ou de collectifs en lutte témoignant de séries photographiques initiées il y a plusieurs années, auxquelles viennent s’adjoindre de nouvelles productions.

Depuis le début des années 90, Bruno Serralongue interroge les usages et le statut de l’image photographique, en allant à la rencontre des communautés qui se créent autour d’un événement social et politique et des personnes qui mènent un combat dont leurs conditions de vie dépendent. En nous invitant à prendre le temps de décrypter tout autant ce que l’on voit que ce que l’on ne voit pas dans l’image et en nous laissant toute liberté d’interprétation, les photographies de Bruno Serralongue nous incitent à interroger la notion de réalité au regard de ce que les médias nous transmettent. Son approche artistique de l’image documentaire nous livre ainsi un témoignage sur l’état du monde et nous permet de porter un autre regard sur l’actualité et ses tensions.

Commissaire de l’exposition : Xavier Franceschi

 

le plateau, paris

22, rue des Alouettes

75019 Paris

Tél. : 01 76 21 13 41

www.fraciledefrance.com

Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 19h

Nocturne chaque 1er mercredi du mois, jusqu’à 21h

Entrée libre

Ouverture du nouveau musée départemental Albert-Kahn : MARS 2022

Avec la réouverture du musée départemental Albert-Kahn en mars 2022, l'Ile-de-France s'enorgueillit d'un nouveau musée de référence dédié à la photographie et aux enjeux de société, lieu incontournable de tous les publics en quête de savoir et de sens, d'émotions et d'expériences sensorielles.

Situé dans un cadre exceptionnel offert par le projet architectural du japonais Kengo Kuma où les espaces intérieurs et extérieurs s'interconnectent, le musée proposera une programmation animée d'événements déployés sur l'ensemble de son site. Centré sur l'héritage d'Albert Kahn, à la fois patrimonial -avec ses collections photographiques et botaniques exceptionnelles- et philosophique -à travers les valeurs d'humanisme et d'ouverture nourries par le banquier philanthrope-, le nouveau musée départemental Albert-Kahn présentera une offre culturelle diversifiée accessible aux tous publics, amateurs d'art comme néophytes. Insérées dans un contexte historique riche et en résonance avec la société contemporaine, les riches collections du musée les inviteront à partager leur expérience du monde et à garder « les yeux grands ouverts ».

« Le Printemps du Retable » En 2022 au Musée Unterlinden : la restauration du Retable d'Issenheim s'achève!

Après plus de 4 ans de chantier, la restauration du Retable d’Issenheim touche à sa fin !

La dernière phase de restauration aura lieu au Musée Unterlinden, à partir de janvier 2022 (l’encadrement de la Crucifixion sera restauré sur place au laser) et se terminera au mois de mars, rendant ainsi au chef-d’œuvre du musée colmarien sa splendeur et son unité chromatique originelles.

Pour marquer la fin de cette restauration exceptionnelle, le Musée Unterlinden organisera à partir du 2 avril 2022 une programmation culturelle ouverte à tous sous l’intitulé « Le Printemps du Retable ». De nombreux événements seront organisés : théâtre, concert, conférences, rencontres avec des restauratrices…

© Le Reverbère, Mulhouse

L’Histoire a fait du Retable un chef-d’œuvre et le résultat de cette restauration force le respect. Au-delà de la beauté intrinsèque retrouvée de l’œuvre, de sa conservation, les visiteurs auront conscience de la cohérence entre panneaux peints et sculptures.

Pantxika de Paepe, directrice du Musée Unterlinden

Régulièrement entretenu et reverni depuis le 18e siècle, le Retable d’Issenheim, véritable trésor de la collection du Musée Unterlinden, a fait l’objet, depuis l’automne 2018, d’un exceptionnel projet de restauration qui s’achèvera en mars 2022.

La restauration des panneaux peints a été effectuée dans la salle du retable du Musée Unterlinden, directement sous les yeux du public. Les visiteurs ont pu ainsi avoir accès aux coulisses de cette restauration extraordinaire et observer, pendant chaque campagne, le travail minutieux de l’équipe de restaurateurs dirigée par Anthony Pontabry. En 2020, malgré les périodes de confinement et la fermeture du musée, les restaurateurs ont continué leur travail. Ils ont ainsi pu réintégrer la couche picturale du Concert des Anges, de la Vierge à l’enfant, la visite de saint Antoine à saint Paul et de l’Agression de saint Antoine. Par petites touches, ils ont comblé les lacunes et les usures et ont ainsi rendu l’éclat aux couleurs de l’œuvre de Grünewald, qui se révèle être un coloriste de premier ordre.

La restauration des encadrements amovibles (ceux des panneaux de Saint Sébastien, de Saint Antoine et de la prédelle) a été réalisée à Vesoul, dans l’Atelier de Restauration et de Conservation régionale des œuvres d’art. L’enlèvement du repeint datant du début des années 30 a permis la redécouverte d’une polychromie faux-marbre de très grande qualité, aux tons vert et ocre.
 

Les sculptures, ayant besoin d’un espace adapté, ont été restaurées dans l’atelier de restauration des bois polychromés du C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France) à Paris, par une équipe dédiée sous la supervision de Juliette Lévy. Elles ont réintégré à l’automne 2021 la chapelle et sont à nouveau visibles par les visiteurs.

L’harmonie des teintes, l’alternance des couleurs mates et brillantes tant sur les sculptures, les encadrements que sur les peintures ont été redécouvertes. Au-delà de la beauté intrinsèque retrouvée de l’œuvre, de sa conservation, les visiteurs auront conscience de la cohérence entre panneaux peints et sculptures. En savoir plus

Cette restauration est rendue possible grâce au soutien du Ministère de la Culture, de la Société Schongauer, de la Région Grand Est, du département du Haut-Rhin et de mécènes. Cette opération de grande ampleur a mobilisé des moyens humains, matériels et financiers considérables.

À suivre à l’automne une exposition monographique de Fabienne Verdier du 01.10.22 – 28.03.2023

Photographies © Laura Stevens

À l’automne 2022, le Musée Unterlinden consacre une exposition à Fabienne Verdier en lien avec ses collections et son architecture.

Les œuvres de Fabienne Verdier sont présentées dans le parcours des collections permanentes du musée, en dialogue avec les œuvres d’art ancien et d’art moderne depuis l’ancien couvent jusqu’à la salle d’exposition du nouveau bâtiment (Ackerhof).

Dans l’Ackerhof, Fabienne Verdier a imaginé une installation sur mesure, une réponse plastique au vœu des architectes Herzog & de Meuron de faire de cette salle magistrale un lieu de contemplation et de silence au cœur de la ville de Colmar.

À l’échelle de cet espace, elle a créé un ensemble de tableaux (Rainbows) et une œuvre monumentale (Vortex) en lien avec le panneau de la Résurrection du retable d’Issenheim. L’artiste propose une nouvelle représentation iconographique inspirée par le spectre chromatique et l’aura de lumière peints par Grünewald. À travers cet ensemble, Fabienne Verdier aborde le sujet de la représentation de la mort non plus dans sa finitude, mais comme la trace d’une énergie qui se transmet aux vivants. En savoir plus

Commissariat: Frédérique Goerig-Hergott

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