Apparu en septembre dans la catalogue Netflix sous le label alléchant “série originale” la première saison de The Idhun Chronicles du studio espagnol Zepplin TV ne parvient pas à concrétiser ses ambitions. 

Jack, jeune garçon de 13 ans, rentre chez lui et découvre toute sa famille assassinée. Alors qu’il est lui-même sur le point de succomber sous les coups de Kirtash, il est sauvé in extremis par Alsan et Shail, un magicien et un chevalier venus d’Idhun. Alsan et Shail apprennent au jeune garçon qu’il est lié à un monde fantastique où la magie, les licornes et les dragons existent. Malheureusement, depuis la prise de pouvoir par Ashran le nécromancien, la terreur règne sur Idhun et quiconque ose se rebeller est impitoyablement assassiné. Aidés de la demi-magicienne Victoria, également pourchassée par Kirtash, ils mettent tout en oeuvre pour renverser le magicien maléfique. 

Une adaptation fidèle

The Idhun Chronicles est l’adaptation en série d’animation d’une trilogie de romans pour adolescents de Laura Gallego Garcia : Memorias de Idhún publiée entre 2004 et 2006 en Espagne (les deux premiers tomes sont disponibles en France chez Bayard jeunesse) qui a rencontré un large succès tant dans son pays d’origine qu’à l’international. L’annonce de la participation de l’autrice à la transposition de son oeuvre avait de quoi rassurer sur la fidélité à l’original, mais n’est pas scénariste qui veut et la synthèse tourne au massacre. Quoi qu’il en soit, cette première saison composée de seulement 5 épisodes reprend la trame du premier livre “Resistance”. Mais voilà qu’une ombre obscurcit déjà la tableau. 

Des personnages creux

Les personnages peu nombreux : 4 gentils dont une fille et trois méchants sont pétris des clichés les plus éhontés, totalement creux et manichéens. Le scénario ne leur offre aucun développement psychologique et chaque évolution tombe comme un cheveu sur la soupe. Ils sont inexpressifs à souhait et leur design d’un classicisme confondant n’aide en rien. Les relations entre les personnages n’offrent aucune subtilité et Victoria comme Jack s’avèrent assez vite irritants. Ainsi, le spectateur n’éprouve aucune empathie lors des quelques instants dramatiques, ce qui est bien dommage.

Ending par @Lilaeh (Twitter)

Une réalisation datée  

Sur le papier, la série est alléchante, surtout qu’elle est auréolée du succès de la trilogie originale et est dirigée par des vétérans de l’animation en Espagne, épaulés d’une équipe internationale.
Si la thématique est assez classique, il est d’autant plus important de maîtriser le développement des personnages et le rythme de l’intrigue. Et c’est là que le bât blesse ! Les premiers épisodes souffrent de certaines longueurs injustifiées et de babillages qui obligent le rythme à accélérer brutalement par la suite, sans laisser vraiment le temps de développer l’intrigue, les personnages ou leurs relations. La série n’offre que le strict minimum d’informations et les plus importantes comme le contexte n’arrivent qu’en fin de saison. Là, on se dit que quelques épisodes supplémentaires auraient été les bienvenus pour palier à ce problème. Autre lacune de taille pour une série destinée aux adolescents : le manque d’humour ! Tout est premier degré, pas une blague, pas un gag, pas même une absurdité qui prêterait à sourire ou à maintenir l’attention. Lorsque l’on sait que Laura Gallego Garcia a participé à l’adaptation, l’on ne peut qu’être étonné de ce manque de finesse. 

D’un point de vue technique, là aussi la copie est à revoir. Si les décors sont très réussis pour certains avec une impression d’animation à l’ancienne, l'animation manque cruellement de punch. Pour vous donner une idée, concernant les personnages, on se rapproche techniquement de Martin Mystère sans les mimiques drôles. Le découpage à la serpe casse toute idée de dynamisme et l’on se surprend à bailler plus d’une fois. Finalement, on se dit que 5 épisodes c’est bien.
Esthétiquement, le générique de fin est très beau avec une jolie musique, et on se demande alors pourquoi ne pas avoir opté pour ce design si soigné et original. Surtout qu’en 2 ans et 4 mois de production, l’équipe avait largement le temps de livrer un petit bijou. La production a t’elle manqué de moyens pour concrétiser ses ambitions ? 

Quoi qu’il en soit, le rendez-vous est clairement manqué pour cette première saison. Les fans de la trilogie seront peut-être ravis, mais les autres n’y trouveront certainement pas leur compte. En ce qui me concerne, je suis surtout consternée par le niveau général de la série. Je comprends que Netflix veuille enrichir son catalogue de productions originales et que le projet sur le papier ait été séduisant, mais ce premier essai avec un studio espagnol a de quoi refroidir les ardeurs. Si l’on suit la logique des romans, il devrait encore y avoir deux saisons. Si elles sont effectivement commandées, j’espère de tout cœur que l’équipe de production tiendra compte des remarques des spectateurs. 

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