Le talent de Mari Okada en tant que scénariste n’est plus à prouver. Travaillant dans l’animation japonaise depuis 1998, il aura fallu 20 ans pour la découvrir en réalisatrice. Et pour un premier essai, c’est un coup de maître ! Maquia, when the promised flower bloom est une pure merveille, un film riche et généreux où le scénario plein de maturité apporte une histoire aussi douce qu’amère, où l’on pleure beaucoup.

Synopsis :

Maquia est une jeune Lolph, une tribu vivant isolée dans les montagnes, loin de toute civilisation. Et pour cause, les Lolphs possèdent le secret de la longévité et il n’est pas rare qu’ils vivent plusieurs centaines d’années, tissant sans cesse dans leurs palais blancs. Mais un jour, les soldats de Renato, un puissant royaume dompteur de dragons arrivent. Leur but étant… les femmes de la tribu. Dans la confusion, un dragon s’emballe et Maquia se retrouve éloignée des siens, ne percevant plus qu’une lueur rouge à l’horizon où se trouve sa cité. Alors qu’elle ère sans but dans la forêt, elle entend un nouveau né pleurer. La rencontre de ces deux orphelins marque le début d’une histoire où un mortel et une immortelle grandissent côte à côte.

 

Une histoire de fantasy aboutie et pleine de charmes

Maquia When the promised flower bloom est une histoire riche et complexe. A partir d’un scénario en apparence simple, Mari Okada parvient à retranscrire toute une palette de sentiments et offre de nombreux rebondissements. Elle tisse les liens entre les personnages ainsi que le croisement des destins tel un brocard chatoyant. Malgré les ellipses et les passages entre les personnages, le scénario est limpide, aucune question ou presque ne reste en suspend et la pureté des sentiments, bons ou mauvais, se fait jour. Ce récit est digne d’un grand roman de fantasy avec ses dragons, ses elfes, sont royaume médiévisant. Il ne tombe pourtant pas dans la facilité, car ce sont bien les relations entre les personnages qui sont mises en avant, dont la solitude et l’amour sous toutes ses formes.

Des personnages travaillés

Les personnages sont la grande force de ce film. Bien que très nombreux, ils ont tous une personnalité et un rôle précis à accomplir. Bien entendu, c’est la relation entre Maquia et Ariel qui est privilégiée. Une relation ambivalente tant leur différence de nature est profonde, voire insurmontable. Pourtant, Maquia est absolue dans ses choix et dans son abnégation. Le parallèle qui est fait tout du long avec celui de Leila, son amie, est d’ailleurs significatif sur ce que représente le sentiment maternel et ses ambivalences : le désir, l’amour, le devoir, le sacrifice et même certaines formes de folies sont représentés dans le miroir que représente les deux jeunes Lolphs. Il y a quelque chose d’initiatique dans ce récit, mais également de philosophique sur les relations entre les êtres vivants et la manière dont le temps les modifie. Marie Okada insuffle une grande douceur et sa sensibilité dans ce récit proprement intemporel et intergénérationnel.

Le film profite également d’une réalisation impeccable. Les 1h55 passent sans que l’on s’en rende compte tant l’on est pris dans l’intrigue. Malgré un grand nombre de studios crédités, dont Lantis, Bandai Visual ou encore P.A. Works, la réalisation ne souffre d’aucune rupture de rythme ou de qualité graphique. Les images sont de toute beauté et la musique de Kenji Kawai permet à la magie d’opérer.

Ainsi, cette histoire d’une vie prise dans un tourbillon de sentiments n’a rien à envier à Your Name tant sur le fond que sur la forme, bien que le propos soit totalement différent. Il ne faut pas attendre la même chose mais se laisser porter. C’est une histoire assez inhabituelle qui demande tout de même une certaine maturité sentimentale pour en percevoir toutes les subtilités. Ce n’est pas une bluette à l’eau de rose ou un film d’action, c’est encore autre chose. Licencié chez @Anime, l’on regrette que le film n’ait pas été en compétition lors du festival d’Annecy car nous aurions sans aucun doute voté pour lui. L’on attend maintenant avec impatience sa distribution en France, espérons-le en salle.

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