Interdit de sortie du territoire chinois l’année dernière, Have a nice day de Jian Liu a électrifié la grande salle Bonlieu du 42eme festival d’Annecy lors de sa projection événement hors compétition. Bonne nouvelle, il sortira en salle le 20 juin.

Have a nice day rappelle le bon vieux film de polar postmoderne. Une mallette pleine d’argent, un personnage principal qui vole cet argent, des truands qui engagent un tueur charismatique pour retrouver le pactole, des personnages secondaires qui volent les billets… voilà pour le cocktail explosif de Jian Liu.

Véritable hommage au film Pulp Fiction, le film de Jian Liu utilise la même structuration non linéaire pour entremêler les histoires des différents protagonistes. Ainsi, au fil du film, on s’aperçoit à quel point le réalisateur a préparé minutieusement chaque background et action de tous ses personnages, pour que la magie opère à la fin du film. En effet, les scènes de fin produisent un véritable effet Waoooo !!!

D’un point de vue technique, le film n’a pas à rougir face aux productions actuelles. En effet, il faut saluer la réalisation quasi solo du réalisateur. Tout le film, excepté la musique, a été réalisé par le réalisateur himsefl avec ses petites mains et son ordinateur ! Ainsi, les raccourcis d’animation que l’on retrouve ici et là durant le film sont largement justifiés. Ils sont d’autant plus pardonnés que ce manque de moyen humain a permis à Jian Liu d’user de pas mal d’astuces de mise en scène pour pouvoir faire comprendre au spectateur les profondeurs scénaristiques de son récit. À tel point que même si les scènes d’action sont très dépouillées, on se retrouve à ressentir les mêmes frissons qu’un bon film de Kitano ou John Woo !

S’il fallait lui trouver un reproche, on pourrait dire que le film souffre d’une relative lenteur dans sa narration. Mais cela est plus un trait de caractère typique du cinéma asiatique plutôt qu’un défaut de fabrication…

En somme, Jian Liu dresse ici un tableau moderne de la société chinoise. Au travers de son film, on comprend qu’il critique cette escalade de la société complètement tournée vers l’appât du gain sans aucun remord. En choisissant la Chine profonde et rurale comme background de son film, il montre que la réussite d’un pays n’apporte pas forcément de la richesse à tout le monde. Au contraire, elle engendre des envieux et galvanise la frustration du peuple si elle se présente sous la forme d’un sac rempli de billets.

C’est ici que l’on se rend compte que cette critique est rendue possible par l’aspect home made du film. Loin de toute pression de production, Jian Liu a pu mettre en images tout son talent et ses critiques d’artiste comme pour Seder-masochism de Nina Paley. Ce qui n’est pas le cas de tous les réalisateurs… Vive le home made !!!

Un film à voir de toute urgence, même si c’est la société de production de Julie Gayet qui distribue le film en France…

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